Élections : pourquoi la Croatie détient le “record mondial” du nombre de candidats

Pas moins de 31 802 candidats ont concouru aux élections locales du 18 mai en Croatie. La presse croate parle d’un phénomène, voire d’un “miracle”, dans ce pays qui compte seulement 3,5 millions d’électeurs, et y voit un lien avec la rémunération des élus.
“Record mondial !” s’enflamme Jutarnji List. Avec 3,5 millions d’électeurs, la Croatie bat largement le Danemark, pays qui compte pourtant 1 million d’électeurs de plus, et ses 9 165 candidats enregistrés aux élections municipales de 2021. Et pour cause, pas moins de 31 802 personnes se sont portées candidates lors des élections locales croates du 18 mai, souligne le journal libéral.
La Croatie est-elle pour autant “La Mecque” de la démocratie directe et participative, se demande le quotidien de Zagreb. Hélas non, répond-il, expliquant que “le chiffre de 31 802 candidats, dont 3 647 aux postes exécutifs (préfets, maires et leurs adjoints) et 21 112 aux assemblées et conseils municipaux, dévoile plutôt une administration locale trop lourde, devenue un vrai mastodonte coûteux et inefficace”.
La Croatie abrite 428 municipalités et 127 villes, 420 de ces collectivités comptant moins de 5 000 habitants, 202 moins de 2 000 habitants et 55 moins de 1 000, rappelle Vecernji List. “Certaines municipalités dépensent la majeure partie de leur budget pour les salaires des maires et autres employés, alors qu’il n’y a pas d’argent pour les services publics”, assène le quotidien.
L’engouement pour la politique locale serait-il motivé par les rémunérations confortables des fonctionnaires ? Des maires aux salaires de plus de 2 000 euros – le salaire moyen net croate s’élevant à 1 028 euros en 2023, selon l’UE – dirigent des municipalités de quelques centaines d’habitants, à l’image de la nouvelle édile de la plus petite municipalité croate, Civljanje (dans l’arrière-pays de Sibenik, dans le sud du pays), qui compte 171 habitants. Elle a été élue le 18 mai avec 88 voix, signale l’hebdomadaire Nacional.
Le premier tour des élections locales a confirmé la domination du parti conservateur au pouvoir, l’Union démocratique croate (HDZ), dans la plupart des petites et moyennes villes et municipalités. La capitale Zagreb devrait rester aux mains du mouvement Mozemo (Nous pouvons – gauche sociale et écologique), dont le maire actuel a obtenu 47 % des voix et part donc favori pour le second tour du 1er juin.
À Rijeka, la candidate indépendante de l’Action jeune et ses partenaires a détrôné le Parti social-démocrate (SDP), qui a dirigé la troisième ville du pays pendant trente-cinq ans. Une bataille acharnée s’annonce au deuxième tour à Split, la deuxième ville du pays, où le maire sortant du parti Centre est menacé par l’Union démocratique croate et des listes locales.
Courrier International